. LA DECLINAISON DES SUBSTANTIFS
Les substantifs se répartissent, dans la catégorie du genre, en masculins et féminins. Ils sont fléchis en nombre : singulier et pluriel, et en cas : cas sujet et cas régime. Les déclinaisons se sont réduites à trois au masculin et trois au féminin.
I.2. 1. LE GENRE
Les deux genres, masculin et féminin, ont absorbé le neutre.
Dans la classe des noms des êtres animés, le genre grammatical peut correspondre au genre sexuel et l’opposition des deux genres grammaticaux peut se manifester par des oppositions morphologiques.
Le féminin est généralement marqué par rapport au masculin.
La marque la plus fréquente est le suffixe –e (qui, en ancien français, n’est pas seulement une marque graphique) s’ajoutant au radical du masculin, non sans entraîner parfois des modifications phonétiques.
Exemples :
masculin féminin
li amis, l’ami l’amie
li bergiers, le bergier la bergiere
li esposez, l’esposé l’esposee
li damoiseaus, le damoisel la damoisele
li chaitis, le chaitif la chaitive
li fiz, le fil, le fiz la fille
li compaing la compaigne, etc.
1. Le genre est héréditaire et immotivé dans les substantifs dont le signifié est conçu sous l’aspect de l’inanimé. Li escuz (=l’écu), li dreiz (= le droit) sont masculins. L’espee (= l’épée), la jostise (=la justice) sont féminins.
A défaut de Prd (= prédéterminant), la structure de R (= le radical ou la base du nom) ne permet pas toujours de prévoir le genre de ces substantifs. Entre escuz (=écu) et vertuz (= pouvoir, force) rien n’indique que le premier est masculin est le second féminin. Toutefois, héréditairement, sont féminins, par exemple les substantifs radicaux en –or ~ our (ex. flour = fleur, dolor = souffrance, colur = couleur), les substantifs radicaux ou dérivés en –ez (ex. citez = cité, bontez = bonté), les substantifs dérivés en -ance (ex. crëance = créance ~ croyance, fiance = foi).
Parmi les substantifs dont le signifié est conçu sous l’aspect de l’inanimé quelques-uns se rangent dans le genre neutre. Morphologiquement ce genre est marqué par l’invariabilité en nombre et en cas des substantifs. Soit arme (= l’ensemble des pièces de l’armure), brace (= les deux bras), carre (= un convoi), deie ~ doie (= les doigts), milie (= un millier), paire (= une paire). Il s’agit là d’une survivance et ces substantifs ont été tôt ramenés aux règles de la déclinaison du type auquel ils appartenaient.
2. Le genre est motivé dans les substantifs dont le signifié est conçu sous l’aspect de l’animé humain. Masculin et féminin se distribuent alors sur le modèle de la différenciation des sexes.
Li uem (= l’homme), la fame (= la femme).
L’attribution d’une désinence ou d’un suffixe spécialisé permet de faire passer une base masculine au féminin lorsqu’il y a lieu de dénoter une fonction, un titre ou l’appartenance d’une femme à une collectivité.
A l’espous (= l’époux) répond l’espouse. A li prestre (=le pretre) répond la prestresse (= la femme du prêtre). A li dus (= le duc) répond la duchoise