1. Le CLG de Saussure : rupture avec la linguistique comparatiste
Le Cours de Linguistique Générale (CLG), publié en 1916 par Charles Bally et Albert Séchehaye, d’après les notes des étudiants qui avaient suivi les cours de Saussure entre 1906 et 1911, apparaît comme le texte fondamental de la linguistique moderne, reposant sur l’étude de la langue comme système.
Même si nombre de thèmes abordés par Saussure circulent dans les recherches de la deuxième moitié du 19e siècle, le CLG constitue cependant ce qu’on a pu appeler « une coupure épistémologique », c’est-à-dire une façon radicalement différente de considérer les faits de langage.
F. Saussure opère une rupture avec la linguistique comparatiste de son époque [Franz Bopp], en proposant une approche non historique, descriptive et systémique (on dira plus tard « structurale »).
Les concepts proposés par Saussure ont été largement exploités, [d’abord par la phonologie pragoise, et ensuite], au sein du courant structuraliste, par d’autres disciplines qui se sont inspirées du modèle phonologique. On peut citer en anthropologie (Lévi-Strauss), en Psychanalyse (Lacan), Sémiologie (Barthes), Psychologie (Piaget).
C’est pourquoi Saussure a été consacré « père du structuralisme », dans un après coup rétrospectif que certains qualifient de peu rigoureux sur le plan scientifique car Saussure ne parle pas de structure, par exemple, mais de « système » ; le terme structuralisme n’apparaissant que vers 1928. Le CLG a donc eu un statut d’emblème et constitue encore aujourd’hui un ouvrage incontournable dans tout enseignement de la linguistique.
2. Définition de la matière : tâches et objet
a) Les tâches de la linguistique
Dans le CLG, Saussure assigne clairement à trois tâches à la linguistique générale, nom qu’il donne à la science nouvelle qui doit succéder à linguistique historique et à la grammaire comparée :
« La tâche de la linguistique sera :
-a) de faire la description et l’histoire de toutes les langues qu’elle pourra atteindre, ce qui revient à faire l’histoire des familles de langues et à reconstituer dans la mesure du possible les langues mères de chaque famille ;
-b) de chercher les forces qui sont en jeu d’une manière permanente et universelle dans toutes les langues, et de dégager les lois générales auxquelles on peut ramener tous les phénomènes particuliers de l’histoire ;
-c) de se délimiter et de se définir elle-même » (1995 : 20).
A la lecture de ces lignes, on sent chez Saussure la recherche de la généralité et la fondation d’une discipline « utile ». Pour Saussure, il dit le dit dans le CLG (…) , la linguistique sera utile si elle fournit des outils d’observation suffisamment généraux et précis pour être utilisés par tous ceux qui ont affaire à la langue. L’objectif de Saussure est clair, c’est de dépasser la comparaison conjecturelle des langues particulières, comme le font les spécialistes de la grammaire comparée à son époque, pour étudier la structure générale de la langue en général. Pour fonder une telle discipline, il faut avant tout définir son objet.
b) L’objet de la linguistique et explication de la théorie saussurienne
Saussure décline l’objet de la linguistique qui reçoit chez lui plusieurs définitions. Définitions qui lui permettront d’asseoir sa théorie :
L’objet de la linguistique n’est pas, contrairement aux sciences exactes, donné d’avance, mais résulte de la construction d’un point de vue. Cela veut dire que les faits de langage ne sont pas extérieurs à l’expérience humaine, mais en font partie, en sont même le produit, puisque le langage est une activité de l’homme.
L’objet de la linguistique est la langue et non le langage. Le langage suppose seulement que des êtres humains parlent et il englobe à la fois la production et la réception, la pensée et son expression phonétique (…). « C’est une faculté que nous tenons de la nature (p. 66) » comme il dit dans le CLG. La langue quant à elle, est définie comme « produit social dont l’existence permet à l’individu l’exercice de la faculté du langage » (p.66).
On voit que pour Saussure le langage, pris globalement, est un phénomène aussi bien physique et physiologique que psychique, et il est aussi bien individuel que social.
Langue et Parole [distribuer tableau]
Au sein du langage, Saussure distingue de la parole. La langue est la partie sociale du langage, la réalité commune à tous les membres d’un même groupe linguistique (les mots, les règles de grammaire, etc.) et la parole est l’acte d’exécution individuel concret qui consiste à communiquer un message. On peut comparer la langue aux règles d’un jeu, et la parole à la partie que l’on joue.
Avec l’opposition langue/parole, Saussure délimite l’objet essentiel de la linguistique, la langue, au sein de l’ensemble hétérogène des faits de langage. C’est ce que l’on appelle la dichotomie saussurienne langue/parole.
Synchronie/diachronie
Saussure distingue deux parties essentielles de la linguistique : (a) la linguistique synchronique, qui s’occupe de l’étude de la langue à un moment donné de son histoire ; (b)la linguistique diachronique, qui s’intéresse à l’évolution d’une langue en confrontant des états successifs. Lorsqu’on étudie la grammaire du français moderne ou de toute autre époque, sans confronter des stades successifs, on se livre à une étude synchronique, alors que par exemple, si on étudie l’évolution du français de la Chanson de Rolland à nos jours / ou du wolof de Kocc Barma à nos jours, il s’agit de la diachronie.
Pour Saussure, la linguistique doit privilégier le point de vue synchronique par rapport au point de vue diachronique, tout comme elle doit privilégier l’étude de la langue par rapport à celle de la parole.
Le signe linguistique
La notion de signe est centrale dans la théorie saussurienne. Avant faudrait-il rappeler d’abord : Qu’est-ce qu’un signe ? Au sens général, un signe désigne un élément A qui représente un élément B, ou lui sert de substitut. Mais cette représentation ou cette substitution peut impliquer une intention de communication ou ne pas en impliquer.
Cette première distinction permet déjà une première approche des signes.
Georges Mounin (Clefs pour la linguistique) donne ainsi l’exemple du ciel d’orage : le ciel d’orage n’a pas l’intention de communiquer avec le météorologue, mais il est l’indice d’une pluie possible.
Il faut donc distinguer le signe de l’indice [fait immédiatement perceptible qui nous fait connaître quelque chose à propos d’un autre fait qui ne l’est pas].
Au contraire de l’indice, un certain nombre de signes impliquent une intention de communiquer. Ce sont des signaux : le ciel d’orage n’a pas l’intention d’annoncer le mauvais temps. Mais cet indice va conduire le responsable de la sécurité à hisser un drapeau rouge. Ce drapeau est un indice artificiel produit pour fournir une indication. Il relève de la sémiologie et non de la linguistique.
L’intention de communiquer permet alors de distinguer indice et signal. L’examen de liens entre A et B permet une deuxième distinction : un Z sur un panneau routier annonce un tournant, un virage ; entre la forme de l’élément A et l’élément B qu’il indique, il y a un lien ; ce Z est un symbole [signal qui marque un rapport analogique, constant dans une culture donnée, avec l’élément qu’il signifie.
Cependant, il peut ne pas y avoir de lien naturel entre A et B. Il n’y a pas de lien naturel entre un drapeau rouge et une baignade dangereuse : le signal drapeau rouge est un signe. Mais il n’y a non plus de lien entre [kanar] et l’animal désigné ; les unités des langues humaines sont donc des signes.
On voit bien que le signe n’est pas forcément linguistique : le drapeau rouge, le panneau « stop », le bouton rouge d’un robinet, la croix rouge des hôpitaux, etc. sont des signes. Ils ne sont pas des signes linguistiques.
Il faut donc aller chercher ailleurs la spécificité du signe linguistique.
Depuis F. Saussure, il est d’usage de caractériser par les traits suivants :
a)il est doté d’un contenu sémantique (signifié) et d’une expression phonique (signifiant) : il unit « un concept et une image acoustique » (F. de Saussure, p. 98).
On ne peut séparer les concepts des sons qui les transmettent ; sans signifiant, pas de signifié, sans signifié, pas de signifiant. Ils sont solidaires comme le sont l’envers et l’endroit d’une même étoffe : on ne peut faire un trou dans l’endroit sans en faire un dans l’envers.
b)on remarque que rien dans le concept de mouton, c’est-à-dire dans le signifié ne permet d’expliquer pourquoi le signifiant est mouton : il n’y a aucun rapport logique, naturel, ou analogique, entre la forme du signifiant et le signifié. Saussure affirme le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire (ou encore, que le signe est arbitraire).
Pour s’en rendre vraiment compte, il suffit de penser à la variété des dénominations de langue à langue pour une même réalité. Restons dans l’exemple mouton fr. angl. ; arabe ; pulaar ; wolof ; etc.
c) Par ailleurs, le signifiant est de caractère vocal, ce qui conditionne sa linéarité : les signifiants se déroulent en effet nécessairement dans le temps, comme une « ligne », car ils ne peuvent que se succéder et une former une chaîne : on ne peut prononcer deux mots à la fois. Autrement dit les unités linguistiques valent leur succession, leur contraste dans la chaîne.
d)Le signe linguistique est différentiel : il fonctionne par sa présence ou son absence globales, comme une unité discrète, discontinue et non comme une grandeur continue. Le signe [mutõ] signifie mouton et non plus ou moins mouton. Il est d’abord ce signe par rapport à tous les autres.
e) Le système est la manière dont s’organisent les éléments de la langue, il est constitué du réseau des relations entre les unités linguistiques. Chaque signe n’a de valeur que par opposition aux autres signes du système. Ce qui importe, ce n’est donc pas la qualité [intrinsèque, positive], mais le caractère différentiel des signes puisqu’ils fonctionnent par apposition des uns aux autres. La différence acoustique entre mouton et bouton repose sur la différence entre les segments initiaux [m] et [b]. Cette différence oppositive permet de distinguer les deux signifiants et à signaler ainsi qu’ils opposent deux signifiés différents.
II. L’après Saussure
1 l’essor du structuralisme
Les enseignements de Saussure donneront naissance à ce qu’on appellera le structuralisme en linguistique ou la linguistique structurale. La linguistique structurale est un courant qui réunit un groupe d’écoles dans lesquelles la langue est étudiée comme un système doté d’une structure décomposable. La notion de système est un principe fondamental de l’analyse linguistique dans la linguistique structurale. Parmi les grands structuralistes [européens pour la plupart], on peut citer Nicolas Troubetzkoy, Roman Jakobson, membres du célèbre Cercle de Linguistique de Prague et André Martinet. Leurs travaux dans le domaine de la phonologie, c’est-à-dire de l’école fonctionnelle de sons, constituent une contribution essentielle à la linguistique moderne.
Les structuralistes européens ont d’ailleurs ajouté à la théorie saussurienne du signe le principe de la double articulation du langage, que Martinet considère comme la propriété fondamentale des langues naturelles. Le langage humain se singularise par le phénomène de la double articulation : toutes les langues humaines sont des systèmes de communication doublement articulés. Exemple :The cat killed the rat. Cet énoncé s’analyse en unités qui ont à la fois un signifiant (une forme sonore) et un signifié (sens), c’est-à-dire en signes (dans les termes de Saussure) : The, cat, kill-, ed, the rat (kill et ed- sont deux signes différents : le signifié kill- est « tuer », et celui de ed- est la référence au passé).
Notons qu’on peut aller loin dans l’analyse, si l’on veut s’en tenir aux unités porteuses de sens (c’est-à-dire des signes). On appelle morphème les plus petites unités dotées à la fois d’une forme (le signifiant) et d’un sens (le signifié) : the/ cat / kill/ed/the/rat/ sont des morphèmes ou signes minimaux (Martinet les appelle monèmes). Les rapports entre les morphèmes dans l’énoncé constitue la première articulation : the+cat+kill+ed+the+rat. Les morphèmes sont les unités minimales de la première articulation.
On peut poursuivre l’analyse, mais cette fois en découpant uniquement le signifiant (et non le signifié, qui n’est plus impliqué dans la segmentation). Ainsi le signifiant (vocal) de cat se note / kaet/, et s’analyse en trois unités qui, individuellement ne sont pas porteuses de sens : /k/ /ae /t/. Ces unités sont des phonèmes. Le phonème a une fonction distinctive : il permet de distinguer des signifiants différents. Par exemple, la consonne initiale de cat/k/, permet de distinguer ce terme de rat /de pas/ parce que la consonne initiale de ce dernier /r/ est différente. L’articulation en phonème est la deuxième articulation : k+ae+t ; le phonème est défini, étant donné sa place dans le système et sa fonction, comme l’unité distinctive minimale de deuxième articulation. Voici un schéma qui résume ce que je viens de vous expliquer :
Etant donné la linéarité du signifiant[voir cours précédent], chaque unité linguistique (phonème ou morphème) entretient des relations avec qui la précédent ou celle qui la suivent dans la chaîne parlée.
Ainsi, dans la phrase The cat killed the rat, le verbe entretient des relations grammaticales avec The cat et avec the rat. A la suite de Saussure, on appelle ces relations syntagmatiques, et les mots présents dans l’énoncé forme des groupes grammaticaux, qu’on appelle syntagmes. Dans la phrase donnée en exemple, the rat est un syntagme. Dans l’exemple, chaque unité [morphème ou phonème] résulte d’un choix du locuteur : ce dernier a choisi cat au niveau de la première articulation, mais la langue lui offrait la possibilité de choisir dog, etc.
On appelle paradigme les rapports entre une unité présente en un point de l’énoncé et une série d’unité qu’on aurait pu choisir à sa place. Les unités qui entretiennent des rapports paradigmatiques forment des paradigmes(cat, et toutes les unités que l’on lui substituer dans l’énoncé proposé, forment un paradigme. Le termes paradigme peut également être utilisé dans un autre sens, qui est son sens traditionnel : il désigne alors l’ensemble des formes fléchies d’un mots (déclinaison pour un nom, un prénom ou un adjectif, conjugaison pour un verbe).
2. Autres courants formalistes
Le distributionnalisme
ou l’analyse distributionnelle a été développé surtout par Zellig Harris, auteur de Methods in Structural Linguistics (1951), qui s’est inspiré de L. Bloomfield qui présente dans son livre "Language" (1933) un modèle d’analyse linguistique (grammaire et syntaxe) extrêmement rigoureux en niveaux hiérarchisés et dépendants c'est l'analyse distributionnelle : les phonèmes se combinent pour constituer les unités de niveau immédiatement supérieur les morphèmes. Les morphèmes se combinent pour constituer les unités de niveau immédiatement supérieur les mots.
Les mots se combinent pour constituer les unités de niveau immédiatement supérieur les phrases : la phrase représentant l'unité maximale de combinaison des unités de rang inférieur.
Chaque niveau représente à la fois une structuration de la forme et du sens, et la fonction d’un élément de niveau quelconque se révèle dans son intégration au niveau supérieur.
De quoi s’agit s’agit-il vraiment ?
Comparons les énoncés suivants que Bloomfield appelle des formes linguistiques :
a) The boy opened the door.
b) The girl opened the window
c) The boy opened the window
d) The girl opened the window.
On observe qu’il existe entre ces énoncés, que Bloomfield appelle aussi formes complexes des ressemblances partielles, du point de vue du signifié et du point de vue du signifié.
On retrouve ainsi des formes simples, contenues dans les énoncés entiers : par exemple, les formes simples The, boy, open, -ed, the, door, sont contenues dans l’énoncé The boy opened the door. Les formes simples sont les constituants de la phrase, et ce sont même plus précisément les constituants ultimes de cette phrase, car sont les constituants les plus simples, indécomposables, que l’analyse grammaticale puissent isoler : en clair se sont des morphèmes.
Cependant, l’analyse en constituants ultimes ne suffit pas. En effet, elle doit être préalablement analysée en constituants immédiats. Le schéma permet de comprendre ce dont il s’agit.
Dans ce schéma, A est la phrase ; les groupes de mots B (=the boy) et C (=opened the door) sont les constituants immédiats de la phrase A ; ensuite, on analyse chacun des constituants B et C. B a lui-même deux constituants immédiats, qui sont The et boy ; C a deux constituants immédiats, qui sont D (opened) et E (the door) ; les deux constituants immédiats de D sont open- et ed. et ceux de E sont the et door.
L’analyse se fait pas à pas, et à chaque stade on dégage des constituants immédiats d’une forme linguistique de rang supérieur. C’est seulement lorsqu’on arrive aux constituants ultimes (insécables), ou en d’autres termes aux formes simples, que l’analyse (grammaticale) est terminée. On observera donc pour les structuralistes américains, la phrase se décompose en deux constituants immédiats, qui sont (a) un constituant qui correspond à ce que la tradition appelle sujet ; et (b) un deuxième constituant, qui comprend tout le reste de la phrase.
Nous voyons donc que le distributionnisme est une méthode d’analyse qui privilégie les rapports syntagmatiques et intègre l’analyse en constituants immédiats de Bloomfield, mais contrairement à ce dernier, les distributionnistes les plus « orthodoxes » se refusent à tenir compte du sens (seule la forme compte).
Par ailleurs, on appelle également distribution l’ensemble des contextes dans lesquels une unité ou une classe d’unités apparaît.
Observons les formes suivantes : certain, uncertain, easy, unesay, certainly, easily, uncertainly, uneasily. L’analyse nous livre les quatre formes simpes suivantes : un-, -ly, certain, easy. On remarque les unités easy et certain, qui ont la même, distribution, appartiennent à la même distributionnelle (les adjectifs), que un-apparaît avant un adjectif, et que –ly apparaît après un adjectif.
Fonctionnalisme : Courant de linguistique structurale qui étudie les unités linguistiques en fonction de leur rôle dans le système qu’est la langue et dans la communication.
De Saussure et l'école de Genève; Troubetzkoy, l'école de Prague et la phonologie; Sapir et la linguistique anthropologique; Jespersen et la grammaire notionnelle; Luis Hjelmslev et la glossématique (tentative de formalisation); Lucien Tesnière et les grammaires de dépendance; Bloomfield et le structuralisme américain; Harris; Chomsky et la grammaire générative; les grammaires d'unification; les phonologies non linéaires; la sémantique formelle; le courant cognitiviste.
La grammaire générative (angl. Generative grammar), ou La théorie de la grammaire "universelledont le fondateur est Noam Chomsky (né en 1928), appartient au courant formaliste. Noam Chomsky est l’un des linguistes vivants le plus importants et le plus connupour ne pas dire le plus important.En parallèle de sa carrière scientifique, il mène une intense activité militante.
La GG fait partie des écoles contemporaines, postérieurs au courant structuralistes. Cette théorie a fortement marqué l’histoire de la linguistique depuis 1957. On a même parlé de « révolution Chomskyenne ». La grammaire générative évolue constamment depuis ses débuts, je vais en donner un aperçu. (étudiant recherche= de variante actuelle, ainsi que la philosophie linguistique de Chomsky).
Qu’est-ce qu’une GG ?
Une grammaire générative est un système formel de règle et de principe qui doit générer (c.-à-d. produire toutes les phrases grammaticales (c.-à-d., bien formées) d’une langue, et décrire la compétence du locuteur, c’est-à-dire la connaissance mentale qu’il a de sa langue.
La compétence s’oppose à la performance, qui est l’usage effectif du langage dans la communication. Certains principes, applicables à toute langue, font partie de la grammaire universelle, objet d’étude principal de la théorie chomskyenne.
Ce qu’il faut savoir c’est qu’en cherchant à dépasser aussi bien l'approche structuraliste et distributionnaliste, Chomsky s’est fixé dans son « programme » de construire « une grammaire universelle, c’est-à-dire une théorie des propriétés universelles des langues naturelles, dont les grammaires des diverses langues seraient autant d’instanciation particulières. Paradoxalement, c’est largement à partir de l’anglais que cette théorie à vocation universelle s’est trouvée élaborée, quitte à opérer ensuite des comparaisons avec d’autres langues.
Contrairement à la tradition structuraliste, on ne part pas d’abord de la diversité des langues : la comparaison des langues sert à conforter une théorie préétablie et à choisir, pour chaque langue, quelle est « la meilleure grammaire », c’est-à-dire la plus compatible avec les généralisations de la grammaire universitaire universelle.
Signalons un autre objectif ambitieux de la grammaire universelle. Elle se présente également comme une théorie de la faculté de langage, et vise à rendre compte des phénomènes d’acquisition du langage (et de la langue maternelle) par les enfants.
Acquérir une langue serait, dans cette perspective, procéder à une série d’essais-erreurs aboutissant à la sélection de la « meilleure grammaire » parmi un ensemble circonscrit de grammaires possible.
L'objet de la linguistique est alors de construire un modèle de la compétence du sujet parlant. D'où l'affirmation de Chomsky : « L'objet premier de la théorie linguistique est un locuteur auditeur idéal appartenant à une communauté linguistique complètement homogène. »
Le courant sémantique « sémantique » et la sémantico-syntaxe
A côté du courant formaliste, représenté essentiellement par la grammaire générative, se sont développées dans les années 1970-80, des recherches qui mettent l’accent sur l’importance du sens – la structure formelle étant considérée tout simplement, comme le reflet de la façon dont le sens est structuré.
La théorie générale des membres de ce courant part du postulat selon lequel l’acte de communication fait toujours appel à la sémantique et à la syntaxe. Pour les partisans de ce courants, la distinction entre ces deux disciplines n’a qu’une valeur méthodologique.
A une intention sémantique correspond plusieurs solutions syntaxiques.
Par exemple, pour poser une question, nous avons le choix entre l’intonation interrogative, l’ordre des mots, et le morphème est-ce que ?
Tu as faim ? as-tu faim ? Est-ce que tu as faim ?
Il n’est pas possible de donner même de façon brève toutes les théories qui ont été élaborées à partir de ce postulat de base, mais nous pouvons ne pas citer de prestigieux chercheurs tels John Lyons (linguisticsemantics : an introduction), F R Palmer, Huddleston, Halliday…
"Get: semanticanalysis of itsdifferent uses"